Le stationnement à tout prix, une mentalité à changer! - pour réduire les îlots de chaleur
- Philippe Robert
- 29 juin 2022
- 4 min de lecture
Lorsqu’on pense développement du Centre-ville de Chicoutimi, sûrement peu de gens doivent rêver à de beaux grands stationnements asphaltés, du moins c’est ce qu’on espère ! Cependant, il faut croire que la municipalité de Saguenay et le CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont des idées de grandeur lorsqu’ils parlent de développement d'infrastructures, mais malheureusement il s’agit bien souvent d’idées de grandeur en lien avec de grandes étendues asphaltées… !
Quand l'on sait qu’en 2012, le taux moyen d'utilisation des stationnements dans le centre-ville de Chicoutimi était inférieur à 50%, soit de 38% pour les stationnements publics et 40% pour les stationnements privés, on se pose rapidement la question : est-ce que davantage de stationnements sont nécessaires ? Lorsqu’on connaît les impacts des stationnements sur les îlots de chaleur et sur la santé publique, la question est vite résolue.
Dernièrement, plusieurs projets de stationnement ont été mis sur la table. Nous n’avons qu’à penser au stationnement à étages que le CIUSSS compte bâtir à proximité de l’hôpital de Chicoutimi et aussi au stationnement du futur Centre de santé l’Équilibre qui recouvrira une partie du boisé adjacent à l’ancienne prison de Chicoutimi. Voilà quelques exemples forts qui illustrent bien la facilité qu'ont les promoteurs de tels projets à construire de plus en plus de places stériles.
Le futur stationnement du Centre de Santé l’Équilibre,Source : Le Quotidien.
Une grande partie des espaces verts actuels sera coupée pour faire place à un grand stationnement.
Futur stationnement à étage CIUSSS, Source : CIUSSS et Radio-Canada.
Ce stationnement a fait l'objet d'une mobilisation citoyenne, car il prévoyait être sur plusieurs étages et pouvait bloquer la vue des résidents et de la population sur une des plus belles vues du Saguenay.
Si l'on prend l’exemple du Centre de santé l’Équilibre, dont la construction est prévue en décembre 2023, celui-ci prévoit un grand espace d’une 50aines de stationnements à proximité du nouveau centre et sur une bonne partie de l’espace vert qui était adjacent à l’ancienne prison de Chicoutimi. Bien entendu, nous ne sommes pas contre tous les projets de stationnements, mais nous sommes d’avis que ceux-ci devraient être mieux réglementés et plus limités. En effet, le meilleur moyen de lutter contre les îlots de chaleur reste encore de diminuer le nombre de cases de stationnement et d’inciter la population aux transports actifs et collectifs.
Unissons Saguenay déplore le manque de vision des élu.e.s municipaux et provinciaux. À tort ou à raison, les projets et constructions d’infrastructures incluent souvent des stationnements d'envergure qui répondent aux besoins des bâtiments construits. Cependant, nous sommes d’avis que ces projets devraient être mieux encadrés de la part de la municipalité. Pour cela plusieurs solutions existent via les réglementations municipales et les municipalités ont plusieurs atouts dans leurs manches (exemples tirés du site du MAMH) :
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Réduire le nombre minimal de cases de stationnement à fournir. Règle générale, les municipalités adoptent un nombre minimal de cases de stationnement à fournir, par usage. Ainsi, dans une municipalité X, un commerce de détail de vêtements pourrait avoir à fournir 1 case par 10 m2 d’espace commercial. Dans le but de réduire les îlots de chaleur en diminuant la surface asphaltée, le nombre de cases de stationnement exigées pour certains usages pourrait être réduit.
Imposer un nombre maximal de cases de stationnement à fournir. Par ailleurs, les règlements de zonage, qui exigent pour la plupart un nombre minimal de cases de stationnement, pourraient également prévoir un nombre maximal de cases pouvant être aménagées.
Réduire le nombre de cases de stationnement exigées en fonction de la proximité d’un équipement. Toujours pour réduire la surface asphaltée de manière à limiter l’effet d'îlot de chaleur, il est possible de réduire le nombre de cases de stationnement requises dans certains secteurs qui sont, par exemple, à proximité d’arrêts de transport en commun.
Prendre en compte la proximité d’une aire de stationnement publique. Le nombre de cases de stationnement exigées peut également être modulé (voire annulé) en fonction de la proximité d’une aire de stationnement publique.
Permettre la mise en commun des aires de stationnement. Il serait souhaitable que deux ou plusieurs établissements puissent aménager une aire de stationnement en commun leur permettant de réduire le nombre de cases minimales à fournir.
Encourager le stationnement partagé. Certaines municipalités préconisent le stationnement partagé entre les différents usages de manière à réduire les surfaces asphaltées.
Éliminer l’obligation de fournir des cases de stationnement.
Remplacer des cases de stationnement pour véhicules motorisés par des espaces pour vélos. Le nombre de cases de stationnement à fournir pourrait aussi être modulé en fonction des parcs à vélos fournis.
Et bien plus ! Notamment, obliger à opter pour des stationnements écoresponsables, avec, par exemple, des pavés alvéolés ou du gravier au lieu d’une partie de l’asphalte, un aménagement paysagé comprenant plusieurs types de végétaux, un certain nombre d’arbres par case de stationnement ou autre. Les alternatives au ‘’tout asphalté’’ existent et se doivent d’être appliquées.
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Unissons Saguenay est d'avis qu'au lieu de mettre tout cet argent public dans nos stationnements, une grande part de celle-ci devrait être investie dans nos transports en commun. Bien que le financement d'infrastructures et de stationnements soit plus facile à financer, ce sont les réglementations municipales et provinciales qui devraient être révisées pour bonifier la mobilité durable !
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